Quentin Pacher : « J’espère que ce n’est qu’une première étape »

Originaire de Port-Sainte-Foy-et-Ponchapt, le cycliste professionnel, Quentin Pacher, s’est confié au micro de Sports 24 Express. Le coureur de l’équipe B&B Hotels-Vital Concept revient sur son Tour de France, sa participation au championnat du monde et son lien avec le Périgord.

25 décembre 2020
3

Quentin, tu cours pour l’équipe B&B Hotels-Vital Concept, depuis plus de 2 ans. Cette année, tu as participé à ton premier tour de France à 28 ans. C’est un peu le rêve de tout coureur cycliste ?

Complètement pour un jeune coureur cycliste qui commence le vélo et surtout qui regarde le Tour à la télé, participer pour la première fois à la Grande Boucle, c’est un premier aboutissement dans la vie d’un coureur.

Je suis passé professionnel en 2015 mais je n’avais encore jamais participé au Tour de France.

Aujourd’hui, je me sens vraiment pro et un coureur accompli maintenant que j’ai fait le Tour de France. J’espère que ce n’est qu’une première étape.

Tu as également été acteur de ce Tour puisque tu as pris part à plusieurs échappées…

Oui, 4 échappées en tout, dont 3 parmi lesquelles la victoire s’est jouée.

C’est sûr que ça dépassait mes attentes. Au départ du Tour, l’idée c’était de se mettre en évidence, d’être vraiment acteur sur une des étapes pour essayer de jouer la victoire. Au final, ça s’est présenté quasiment 3 fois. Donc oui, c’est allé au-delà des mes espérances. Après ce Tour, je peux être optimiste pour la suite de ma carrière et pour mes prochaines participations au Tour de France, je l’espère.

Tu te vois, dans quelques années, lever les bras sur le Tour de France ?

Maintenant que j’ai goûté au Tour, on ressent que ça dépasse n’importe quelle course cycliste professionnelle, et c’est clair que d’aller chercher une victoire sur le Tour ce serait vraiment un rêve de gosse. J’ai tout de même pu voir qu’en ayant une condition physique au top, et avec des circonstances favorables, je pouvais me rapprocher d’une victoire. Je pense que rien n’est impossible mais ce jour-là, il faudra que tout s’emboite et que les planètes soient alignées comme on dit, et peut être qu’un jour ça le fera pour moi.

Dans la foulée tu as participé au Championnat du monde, à Imola avec l’équipe de France. Qu’est-ce que ça t’a fait de porter ce maillot tricolore et de contribuer au sacre de Julian Alaphilippe ?

J’avais déjà eu la chance d’être sélectionné 2 fois en équipe de France dans les catégories de jeunes, mais je n’avais jamais eu l’occasion de faire un Championnat du monde donc c’est quelque chose d’assez fort. Je n’y pensais pas du tout au départ du Tour, j’étais focalisé sur les 3 semaines de course, mais ma condition physique, mes performances et mon état d’esprit, ont séduit le sélectionneur Thomas Voeckler. Il savait que j’étais capable de me mettre au service du collectif.

Ensuite, lorsque on est arrivé là-bas, tous les coureurs sélectionnés étaient en bonne condition. Il y avait vraiment une super cohésion entre tous les coureurs et c’est ce qui fait qu’on avait tous le même objectif. Au final, on a fait une course d’équipe que tout que tout le monde connaît aujourd’hui. On avait le coureur le plus fort du peloton dans l’équipe. Donc, forcément ça aide pour se surpasser. Nous, on a essayé de mettre Julian Alaphilippe dans les meilleures conditions et après il a fait ce qu’il sait faire.

C’est un évènement dans le cyclisme français qui n’arrive pas tous les 4 matins. Donc j’ai vraiment savouré le fait de faire partie de cette équipe, de cet évènement et ça a été la cerise sur le gâteau de ma saison. Je m’y attendais pas du tout en début d’année.

Qu’est-ce que ça fait, qu’est-ce que ça t’a apporté, de côtoyer, l’un des meilleurs cyclistes, si ce n’est le meilleur coureur du monde ?

Oui, son titre de champion du monde prouve que c’est le meilleur. C’est vrai que j’ai l’habitude de rouler pour Bryan Coquard qui est aussi un grand leader ou encore Pierre Rolland. De rouler avec Julian qui est mon adversaire normalement, c’est motivant. La veille du départ on savait qu’il était parmi les favoris c’était aussi une source de motivation.

Après avec Julian on a le même âge, on est de la même génération. Je le côtoie depuis les cadets. Ce n’était donc pas une surprise de me retrouver avec lui en équipe, mais c’était quand même agréable.

Au sein de cette équipe B&B Hotels-Vital Concept, on te sent épanoui aux côtés de coureurs comme Bryan Coquard ou Pierre Rolland, pas vrai ?

Oui complètement. On l’a vu sur le Tour de France ce n’est pas parce qu’il y a Pierre ou Bryan que je n’ai pas d’opportunités. C’est vrai que Bryan Coquard pour moi c’est le leader incontestable de l’équipe, c’est grâce à lui que l’équipe a vu le jour. Moi, j’ai un rôle auprès de lui, on a tous un rôle auprès de lui sur les étapes qui lui conviennent, ces étapes plates qui arrivent au sprint. Après Pierrot Rolland, c’est un coureur énormément porté sur l’offensive et moi c’est un petit peu mon état d’esprit aussi. Donc on se retrouve dans des schémas de course, parfois tous les 2 à l’avant, à essayer de tirer parti de cette supériorité numérique.

C’est un coureur qui a un beau palmarès derrière lui, une sacrée renommée et malgré tout, quand il est arrivé dans l’équipe, j’ai découvert un coureur qui a toujours la motivation malgré le fait qu’il ait X années chez les pros. Il a toujours la motivation d’un coureur qui vient juste d’arriver.

Pierre, il a toujours envie d’attaquer, d’aller de l’avant et ça c’est génial pour une équipe. Parce que ça met une vraie ambiance positive et une vraie spirale qui donne envie d’aller vers l’avant et de se lancer dans l’offensive.

Le Vélo tu l’as commencé ici, à Bergerac puisque ton premier club c’était L’EVCC Bergerac. Ça te semble loin tout ça ?

Loin, oui et non parce que dès que je passe vers Picquecailloux et que je reviens rouler dans les alentours il y a forcément des souvenirs qui remontent. Mais quand on fait des courses comme le Tour de France ou les Championnats du monde dont on rêve, on se retourne et on se dit qu’on a parcouru du chemin.

Je me souviens quand j’étais entre 3 quilles à Picquecailloux en train de faire des slaloms ou des sprints, c’est vrai qu’à ce moment-là, j’étais loin d’imaginer qu’un jour je pourrais être à la place des coureurs que je voyais dans les magazines.

Aujourd’hui j’y suis, ça fait vraiment une émotion particulière et c’est là qu’on se dit les choses prennent parfois du temps. Mais quand on est déterminé, quand on a un objectif, même lointain, qu’on est animé par cet objectif, cette flamme, si on est motivé, qu’on met les choses en place pour, ça peut arriver. C’est vraiment un message d’espoir pour tous ceux qui commencent le vélo, c’est sûr.

Quentin, on le sait tu es un puncher, tu aimes grimper. Quand tu étais dans la région, dans le 24, à quels endroits tu aimais t’entrainer ?

J’habitais du côté de Port-Sainte-Foy-et-Ponchapt et je venais du côté de Bergerac pour m’entrainer avec le club. Mais s’il y a un endroit que j’affectionne particulièrement, c’est du côté de Monbazillac. Le Tour y est passé il y a quelques années d’ailleurs et c’est vrai que la côte de Monbazillac je l’aime bien parce qu’après elle offre un joli point de vue sur tout le Bergeracois. Avec le vignoble, c’est quand même assez sympa. Si on va un peu plus loin du côté du cingle de Trémolat, c’est quand même cool pour faire du vélo. Je pense que de manière générale, c’est une bonne région pour faire du cyclisme, que ce soit d’un côté sportif ou d’un côté un peu plus tranquille.

Avant de se quitter, tu aurais une idée de sortie, de balade à recommander à un cyclotouriste, Monbazillac même s’il y a cette côte assez redoutable ?

Oui, il faut juste prendre le temps de la monter, ça prendra un peu plus de temps pour un cycliste un peu moins entraîné mais il y aura quand même la satisfaction d’être arrivé au sommet et d’y faire une petite pause en regardant ce qu’il y a autour.

Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour la suite, une victoire d’étape sur le Tour ?

Une victoire tout court déjà ce serait bien. Puis une seconde participation au Tour, l’été prochain qui ne passe pas loin d’ici.

Propos recueillis par Anton MAUMIN